Le Spacing Effect ou effet d’espacement : la répétition pour ne pas oublier

Comment la méthode du Spacing Effect accompagne les collaborateurs dans la mémorisation de nouvelles informations par la répétition…

La méthode du Spacing Effect est le principe selon lequel l’information est plus facilement mémorisée si elle est vue après plusieurs répétitions dans le temps. La méthodologie d’apprentissage spaced repetition learning ou “répétition espacée” en français, répartie une seule leçon en plusieurs moments espacés. Le Pr. Paul Kelley de l’Université d’Oxford, qui a consacré sa carrière à l’étude du fonctionnement de la mémoire chez l’homme (« Frontiers in Human Neuroscience » de 2013)¹ recommande pour la concentration, la méthode de l’apprentissage espacé. Cette approche a été appliquée dans certains lieux d’enseignement (collèges, lycées…), puis intégrée à la formation en entreprise à travers des formats virtuels et des méthodes hybrides, ce qui a conduit à d’excellents résultats.

Après 20 minutes, nous avons déjà perdu plus de 40% des informations que nous avons apprises lors de l’apprentissage. Après 1 heure, plus de 50% de ce que nous avons appris est oublié. Au bout d’une semaine, il ne nous reste plus qu’un tiers de ce que nous avons appris (70% de perte) et au bout d’un mois on compte 80% de perte.²

Pourquoi la méthode du Spacing Effect est-elle efficace ?

Afin de bien mémoriser l’information et de ne pas l’oublier quelques jours plus tard, l’apprenant devrait la répéter dans le temps. En effet, un apprentissage efficace ne se fait pas en une seule session, mais bien en plusieurs fois, d’où l’utilité de la méthode du Spacing Effect. Comme on peut le voir sur le graphique suivant, l’humain dispose d’une ‘courbe d’apprentissage », qui lui permet d’apprendre au fil du temps, mais aussi une « courbe d’oubli », qui montre qu’il oublie progressivement ce qu’il a appris sans pratique régulière.

Ceci est particulièrement vrai lorsque les collaborateurs, dans le cadre de leurs fonctions, ont une multitude de tâches à effectuer. Sans pratique ni exercice, les nouveaux concepts appris seront vite oubliés. Alors, que faire ?
Si on prend l’exemple d’un cas pratique, où les apprenants disposent de 30 minutes pour mémoriser un sujet particulier, il sera plus efficace pour leur mémoire de répartir ce temps d’apprentissage en trois courtes sessions de 10 minutes plutôt que de tout apprendre d’un coup.

Comment mettre en place la méthode du Spacing Effect ?

Lors de la mise en place de la méthode du Spacing Effect, l’employeur doit s’assurer que les nouveaux apprentissages soient compris par le collaborateur, mais aussi qu’ils soient mémorisés sur le long terme grâce aux répétitions espacées. Pour mettre en place cette méthode dite « espacée », deux stratégies peuvent être adoptées :

• Introduire un temps de pause entre deux ou plusieurs répétitions. Après avoir étudié un sujet, les apprenants devraient laisser passer quelques jours, puis le revoir à nouveau. Ce cycle d’apprentissage peut comprendre plusieurs répétitions espacées en fonction de la complexité du sujet.
• Voir d’autres sujets entre deux ou plusieurs répétitions, ce qui permettra de varier et de le réétudier à un autre moment, plutôt que d’aborder tous dans une même journée. L’apprenant aura ainsi le temps d’assimiler les différents concepts et de tout retenir.

Introduire le Spacing Effect dans les parcours de formation

Préparer ses sessions d’apprentissage avec la méthode du Spacing Effect n’est pas forcément compliqué sur certaines thématiques, mais comment l’intégrer dans un parcours de formation plus structuré ? Voici certaines méthodes efficaces pour introduire le Spacing Effect au sein de parcours de formation plus complexes :

• Intégrer la méthode du Spacing Effect déjà dans la conception de la formation. La structure du contenu, la durée de chaque module et l’intervalle suggéré entre chaque répétition doivent être planifiés lors de la conception de celle-ci.
• Combiner le micro et le macro-learning en fonction des besoins et des objectifs de chaque étape de la formation. L’un des meilleurs moyens est sans aucun doute de recourir à une approche hybride, afin que les concepts nécessitant du temps pour être assimilés (macro-learning) peuvent l’être grâce à la répétition dans le temps. Cette approche peut être combinée avec des modules de remise à niveau courts et concis (micro-learning) tels que des exercices, des études de cas, des quiz ou des scénarios interactifs.
• Utiliser le storytelling. L’art de maîtriser la narration à travers un bon storytelling permet d’intéresser les participant et, de ce fait, de faciliter la mémorisation des informations. Cette approche peut être appliquée à l’ensemble du parcours de formation ou à un seul module. Des personnages fictifs ou réels, mais faciles à reconnaître peuvent être utilisés afin que les apprenants s’identifient, développent un intérêt pour l’histoire et souhaitent découvrir la suite. Le storytelling a pour avantage de favoriser un contenu structuré et de susciter l’implication des apprenants quant à l’histoire.

En résumé

La méthode du Spacing Effect présente de nombreux atouts qui peuvent être intégrés dans nos parcours de formation. Accorder aux collaborateurs plus de temps pour assimiler les concepts favorisera la mémorisation et leur utilisation dans le cadre de leurs missions quotidiennes. En tant que manager, il est important de comprendre la « courbe d’apprentissage » de ses collaborateurs, mais également leur « courbe d’oubli ».

Sources

P. Kelly (2013). Développer sa mémoire sur le long terme : le modèle du Spacing Effect issu de la recherche sur la mémoire dans le domaine éducatif. Frontières dans les neurosciences humaines.
E. Ebbinghaus (1885). La courbe de l’oubli – résultats de l’étude du psychologue allemand.